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lundi 26 novembre 2007

LA MISERE NOIRE DES RESCAPES DES PIROGUES

En embarquant dans les pirogues, ils avaient tous fait leur, le slogan des Harraga* consistant à dire qu’il valait mieux être dévoré par les poissons que par les vers de terre. Dieu merci. Contrairement à des milliers d’autres qui ont été fâcheusement engloutis par l’Atlantique, ces miraculés ont bien échappé à la mort; mais pas encore au dénuement. Ils ont fait naufrage sur la terre ferme. Les premiers arrivés à Valencia établirent domicile dans un coin du Rio, sous le pont Ademus. C’est en traversant ce pont un jour, que Kuami Mensah Gnonnas, fils du grand salsero Gnonnas Pedro, tomba sur ce spectacle abaissant que les touristes photographiaient à longueur de journée et se fixa comme but de gommer au plus vite cette image d’une Afrique sale, affamée et à genoux dans cette promenade souterraine de Valencia. "Quelque soit leur statut" dit-il "ils ont droit à la dignité humaine".

Secondé par son amie Patricia, Kuami anima un grand concert qui mobilisa tout Valencia et lui permit de récolter une importante somme d’argent dont il se servit pour louer un local assez commode qu’il baptisa Centre Baobab et l’équipa grâce au soutien d’un officier de l’armée espagnole et y logea tous ces africains considérés comme des rebuts de l’humanité. Il mit aussitôt en place une association dénommée Musiclini-K-Baobab réunissant des personnalités influentes et travaillant de concert avec Maka LO Président de l’ONG Askan wi qui œuvre pour une nouvelle conception de l’immigration et de l’intégration. Cet élan de solidarité fut cependant embrouillé au bout de six mois par un autre sénégalais accusé d’être un grand spécialiste de la récupération politique qui, par un discours mielleux et très convainquant, parvint à déloger les modou-mbott (c'est comme ça que leurs aînés les surnomment gentillement) en leur promettant des papiers en règles et une vie meilleure ailleurs qu’au Centre Baobab. Deux semaines après avoir quitté leur bulle de sécurité sur la base de promesses politiciennes, ils se retrouvèrent tous encore dans la rue et interdits de séjour sous le pont Adémus. Et la galère continue...

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