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Un malaise d’une profondeur
insondable s’est installé entre les Etats gambiens et sénégalais depuis
l’exécution de neuf condamnés à mort par la justice gambienne survenue le 26
Août dernier. A mon avis, encourager l’existence de sentiments meilleurs doit
être aujourd’hui la ligne d’action de chaque sénégambien pour qu’ensemble, nous
puissions sauver la paix, dans la vérité et le respect mutuel. Ce n’est pas en tirant
à boulets rouges sur Yaya Jammeh comme le font les droit-de-l’hommistes que
nous y parviendrons. Au contraire, il risque de se braquer et cela peut nuire gravement
aux relations entre nos deux pays, condamnés à vivre ensemble jusqu’à la fin
des temps. A l’instar de tous les Etats indépendants, la Gambie est jalouse de
sa souveraineté. La gestion d’une situation aussi complexe que celle-ci exige
donc des lieux de paroles autres que la rue et les grand-place. Les décideurs
doivent aussi comprendre que la capacité de dépassement et de gestion des
compromis acceptables est et restera toujours une grande qualité chez un leader.
Si la peine de mort est prévue
par la loi gambienne, au Sénégal ce n’est plus le cas depuis son abolition en
décembre 2004. Toutefois, il n’est pas rare de voir un malfaiteur poursuivi par
des populations en furie, tenter de rallier le commissariat de police le plus
proche pour avoir la vie sauve. Ici, tout tueur maîtrisé par les populations
est lynché sans autre forme de procès. Cette justice populaire, à rebours des
lois et règlements qui régentent la marche de notre pays, est pratiquée
instinctivement par des citoyens exaspérés de voir de dangereux criminels
recouvrer la liberté après de courts séjours en prison. La promptitude des
citoyens à éliminer les criminels sans
passer par le filtre de la justice, quoique illégale, est l’expression d’un
ras-le-bol. Les conducteurs de véhicules l’ont si bien compris qu’ils ont érigé
la fuite en règle, dès qu’ils heurtent mortellement un piéton par inadvertance.
Si ce n’est pas cela la peine de mort, j’aimerais bien que l’on m’explique ce
que c’est.
L’affaire des deux sénégalais
tués par la justice gambienne pour avoir commis des meurtres, affligeante soit
elle, ne doit pas occuper la totalité de nos neurones car, la recrudescence de
la violence sauvage dans notre pays, qui installe la psychose dans toutes les
familles, mérite une attention singulière de notre part. L’abolition de la
peine de mort au Sénégal annonce aux tueurs en séries qui ôtent la vie à
d’honnêtes citoyens, souvent pour des broutilles, qu’ils ont droit à la vie
comme tout le monde. Dans certains coins de la banlieue dakaroise, les enfants,
les femmes et les personnes âgées s’imposent un couvre-feu pour échapper à la
brutalité des agresseurs qui semblent avoir prit le pouvoir et peuvent tuer
pour un téléphone portable ou tout simplement pour satisfaire des pulsions
sexuelles. Corrigeons nos lacunes alors qu’il est temps !
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