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samedi 10 mai 2008

Esclavage | 160 ans après!

L'Afrique saigne , ma mère...
L'Afrique s'ouvre fracassée à une rigole de vermine, à l'envahissement stérile des spermatozoïdes du viol.
ça y est! Ils ont reniflé la viande du nègre... Ils l'ont déchiré en lambeaux, en lambeaux, comme un cochon sauvage ! comme un agouti !
Qui a fait cela ? Eux, eux les chiens, eux les hommes aux babines saillantes, aux yeux d'acier, aux crocs aigus...

Voici la nuit de la misère, la grande mer de misère, la grande mer de sang noir, la grande houle de canne à sucre et de dividendes, le grand océan d'horreur et de désolation...

Le sadisme du maître et le râle de l'esclave par force coprophage parachèvent en traits de vomi le happement du squale et le rampement du scolopendre.
C'est fini! Tout est fini! Inutile de réclamer! L'action de la justice est éteinte. Mais la lueur de leurs yeux ne s'éteint jamais!
ASSASSINS
ASSASSINS
ASSASSINS
On a beau peindre blanc le pied de l'arbre, la force de l'écorce en dessous crie.
Ressentiment ? Rancune ? Non !
Haïr, c'est encore dépendre.
Qu'est-ce-que la haine sinon la bonne pièce de bois attachée au cou de l'esclave et qui l'empêtre, ou l'énorme aboiement du chien qui vous prend la gorge ?
Moi, j'ai une fois pour toutes refusé d'être esclave.
Architecte aux yeux bleus, je te défie !

Aimé CESAIRE

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