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jeudi 27 mars 2008

Zimbabwe: à deux jours du vote, Mugabe accuse l'Occident des maux de son pays

HARARE (AFP) — Le président zimbabwéen Robert Mugabe, qui aborde les élections générales de samedi avec un bilan économique catastrophique, a de nouveau accusé jeudi l'Occident d'être responsable des maux de son pays. "Les Britanniques, les Américains et ceux qui pensent comme eux préfèrent voir nos enfants, les vieux et les infirmes souffrir des sanctions maléfiques qu'ils ont imposées pour initier un changement de régime dans notre pays", a-t-il tonné. "Nos détracteurs ont essayé de saboter nos efforts, mais l'unité et l'ingéniosité de notre peuple ont toujours triomphé", a-t-il poursuivi en visitant l'hôpital central d'Harare, qui faute d'équipements a stoppé toute intervention la semaine dernière. Le Zimbabwe, autrefois modèle de développement économique pour la région, est en ruine avec une hyperinflation dépassant 100.000% sur un an, un chômage de 80% et des pénuries de produits de première nécessité. Le secteur médical n'est pas épargné par cette crise, qui a fait chuter à 37 ans l'espérance de vie. Selon un rapport du conseil des infirmières du Zimbabwe (NCZ), obtenu par l'AFP jeudi, 70% des postes du secteur médical ne sont pas occupés, à cause de la fuite du personnel qualifié à l'étranger. Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance de l'ancienne colonie britannique depuis 1980, a assuré que son pays ne pouvait plus s'offir les équipements vitaux à cause "des sanctions inhumaines et insensibles" imposées à son régime. Les sanctions occidentales imposées après sa réélection controversée en 2002, visent en fait les responsables de son régime et ont été étudiées pour épargner la population civile.

A 84 ans, M. Mugabe brigue un sixième mandat présidentiel sous les couleurs de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF), face à Morgan Tsvangirai, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) et à l'ancien ministre des Finances, Simba Makoni, entré en dissidence. Ce dernier a estimé jeudi qu'il faudrait plus d'une décennie pour redresser l'économie du Zimbabwe : "cela ne se fera pas dans les six mois après le 29 mars, ni même dans les cinq premières années. Cela pourrait prendre 10 à 15 ans", a-t-il déclaré lors d'un entretien à l'AFP. De son côté, le MDC a de nouveau accusé le plus vieux président d'Afrique de ne pas respecter la législation électorale. "Nous avons reçu des preuves sur la manière dont Mugabe et ses comparses sont en train de saboter cette élection", a indiqué le secrétaire général du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Tendai Biti. "Mugabe a l'intention de remporter cette élection (...) par une attaque technique. Les listes électorales et l'informatique sont les outils de cette fraude", a-t-il poursuivi. La veille, lors d'un meeting électoral dans la région de Nyanga, Mugabe les avaient accusés de mentir : "vous n'arrêtez pas de mentir sur le fait que les élections sont truquées", avait-il lancé. "Ce sont des mensonges empruntés à leurs maîtres qui disent que les élections ne seront ni libres ni justes. Ce ne sont que de satanés menteurs, des menteurs démoniaques", a-t-il poursuivi. Mugabe accuse régulièrement ses opposants d'être des agents de l'ancienne puissance coloniale britannique, qu'il accuse de comploter pour le renverser. Quelque 5,9 millions d'électeurs sont appelés samedi à désigner leurs président, députés, sénateurs et conseillers municipaux.

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