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lundi 1 octobre 2007

Le Conservateur de la maison des esclaves de Gorée a raison de se taire.

La décision du vieux de ne plus élever la voix au sujet de la normalisation de son statut se comprend. Á son âge, il ne peut plus passer son temps à braver les embouteillages et gravir les escaliers menant aux bureaux des décideurs. Il préfère attendre. Espérons tout simplement que l’attente ne se prolonge indéfiniment. Toutefois, il ne privera jamais les nombreux pèlerins qui se rendent quotidiennement à Gorée de ses enseignements, son esprit combattant le lui interdit. Son seul jour de repos, c’est le lundi et plusieurs fois, il s’est trouvé dans l’obligation citoyenne de renoncer à ce repos hebdomadaire parce qu’un ministre ou une autre autorité souhaitait se rendre à Gorée en compagnie d’invités venus de loin. Je suggère à ces autorités de lui rembourser, la prochaine fois, ses frais de déplacement au moins. Eh oui. Il n’a que son âme pour avancer. Mais il tient à servir son peuple jusqu’à terme. Sans Boubacar Joseph NDIAYE, la maison des esclaves perd la voix et les insulaires vivent mal les absences du « grand père ». Il me plaît à rappeler que tous les grands hommes de ce monde ont leur nom associé à une région et que le sien se présente comme un timbre collé sur le dos de Gorée. Ces derniers jours, le vieux est réconforté par les témoignages de sympathie venant de nombreuses personnes qui réagissent des quatre coins du monde à cette campagne de sensibilisation rendue possible grâce à la partition des organes de presse nationaux et internationaux.

Les turfistes lancent un SOS en faveur de nos valeureux chevaux malmenés par la peste équine. Les cheminots vont marcher de Thiès à Dakar pour réclamer « leur fric » au gouvernement. Les anciens du Parti au pouvoir prévoient de marcher à Kaolack pour exiger leur part des victoires. Récemment, pour réclamer 20 millions de francs de ristournes devant servir au fonctionnement des amicales des étudiants de l’Université Cheikh Anta DIOP, les délégués séquestrèrent le Secrétaire Général de l’Université. Les syndicats se massifient tous les jours, sachant que force numérique est synonyme de force de négociation, de pression même. Et nous n’avons qu’un seul Conservateur de la maison des esclaves. Je trouve donc que le seul syndicat qui doit élever la voix pour qu’il reçoive enfin le traitement honorable qu’il mérite, c’est les jeunesses d’ici et ailleurs qui sont les grands bénéficiaires de ses enseignements. Sa situation sociale doit impérativement changer en mieux, parce que ça ne peut plus attendre et ça ne doit plus attendre. Allons donc vers la mise en place d’un collectif regroupant tous ceux qui se sentent concernés par cette cause. Mais en attendant, continuez à envoyer vos messages d’amitié, ça lui recharge les batteries.

Monsieur le Président de la république disait qu’il était un entraîneur avec à sa disposition onze millions de sénégalais interchangeables. J’ajoute, qu’il est aussi un Chef d’Etat entouré de onze millions de conseillers qui ont tous l’obligation de lui apporter les suggestions qu’ils pensent nécessaires à la bonne marche de la nation. Puisque le conservateur de la maison des esclaves est unique, le conseiller de fait que je suis vous suggère, monsieur le Président, de lui consacrer encore une fois un morceau de temps ou même de le prendre avec vous dans la pointe du Sangomar lors d’un de vos déplacements ; je suis sûr qu’il ne vous parlera pas de ce ministre qui disait à des pèlerins étrangers que le soutien financier qu’ils voulaient lui apporter n’était pas nécessaire parce « qu’il était bien payé ». Je suis sûr qu’il ne vous parlera pas non plus de cette autre autorité qui n’hésita pas à distribuer plusieurs dizaines de ses propres livres à des visiteurs sans les payer. Il ne vous parlera pas, j’en suis sûr, de toutes ces personnes qui ne cessent de poser des actes frustrants qui le tirent d’avantage vers le bas. Ce dont je suis sûr, est que c’est le seul moyen, après avoir pris en charge ses frais médicaux alors qu’il était gravement malade, de prendre connaissance de sa situation sociale et corriger personnellement, alors qu’il est encore temps, ce résidu de lacunes laissé par le défunt régime. Et l’UNESCO dans tout ça !

Souleymane DIEYE
jeey63@yahoo.fr

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