Soustraite à l’emprise du
temps, son œuvre raconte son histoire. Il a vu le jour et grandi dans un
merveilleux espace d’écriture et de savoir structuré par son illustre père El
hadj Malick Sy (rta). C’est dire que le commencement annonçait déjà
l’aboutissement. Mame Abdou portait en lui le message du Prophète Mohamed (saws)
avec une capacité impressionnante à l’expliquer, le traduire en actes, le
transmettre. Dix-neuf ans après son rappel à Dieu, c'est toujours avec la même
émotion que tous ceux qui l’ont connu se remémorent le souvenir de notre
regretté grand père et guide, unanimement apprécié et admiré.
Il a réformé tant de cœurs et
influencé tant de choix de vie. C’est encore un honneur tout autant qu’une peine
d’évoquer ses hauts mérites d’homme, son courage admirable, sa tempérance
remarquable et ses messages visionnaires.
Son pseudonyme Al-Dabbâgh
(le tanneur), affectueusement converti par le plus grand nombre en « Daa
baax » pour dire simplement « il est bon », est
hérité de son homonyme Shaykh Abd al-'Azîz al-Dabbâgh. Ce grand maître
spirituel est l’auteur du Kitâb al-Ibrîz (le Livre de l'or pur), ouvrage que
Mame Maodo était en train de lire au moment où on lui annonçait la venue au
monde du rassembleur.
Mame Abdou vous fascinait à
première vue et vous témoignait toujours un respect cérémonieux et sincère,
quels que soient le statut et le rang que la société pouvait vous attribuer.
Son écoute n’avait pas de limite et vous étiez toujours sûr de trouver chez lui
le secours et l’honneur que la société pouvait vous refuser pour une raison ou
pour une autre ; le droit à la dignité étant pour lui un principe de base.
Dans ce monde du tout-argent, les
hautes sphères de la société sont habituellement réservées aux décideurs
politiques et aux opérateurs économiques de renom ; c’est connu. Quant à Mame
Abdou, son cœur était sa cour et était ouvert à tous. Il faut lui avoir rendu
visite pour vous rendre compte que vous y aviez votre place. Aujourd’hui
encore, quelle que soit l'immensité de la détresse qui vous assaille, il vous
suffit de convoquer le souvenir de sa présence joyeuse et stimulante, de
l'écouter pour se sentir bien.
Au soir de sa vie, alors que
son état de santé commençait à réagir par des signes de flexion, il récusait
encore l’indifférence et la passivité face à la dépravation morale de
l’humanité. Il continuait à promulguer ses précieux enseignements avec une voix
certes affaiblie, mais avec une ténacité dans l’effort et une constance que
seule la mort pouvait arrêter.
Mame Abdou a
magnifiquement rempli sa mission. Sa foi
immuable en Dieu, sa maîtrise des sciences islamiques, sa bonté, son courage et
son sang-froid dépassent tout entendement. Son héritage est entre nos mains, chacun
d’entre nous se doit de le faire vivre.
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